lundi 1 octobre 2007

L'âge des ténèbres


Que reste-t-il à Jean-Marie Leblanc, modeste fonctionnaire réquisitionné par le gouvernement Québécois pour écouter les plaintes des individus broyés par un régime Kafkaïen dans le stade Olympique de Montréal ?

Notre héros ( (l’excellent Marc Labrèche), prisonnier d’un quotidien étriqué (une femme exaltée par une ambition professionnelle démesurée, deux enfants abasourdis par la musique de leurs écouteurs) n’ a d’autre issue que de s’inventer un monde fantasmatique où les situations les plus saugrenues virent à son avantage. Il a beau convoquer la délurée Emma De Caunes, la capiteuse Véronica Star ou la sublime Diane Kruger, il est sans cesse rattrapé par la réalité.

Jean-Marie finit par se retirer dans une petite maison, face à l’océan. Il goûte aux plaisirs d’une vie simple, redécouvre le parfum d’un sourire, le dialogue avec ses voisins et le bonheur de l’instant présent. Qu’elle est savoureuse la pomme juteuse qui glisse sous la lame du couteau !

Mal accueilli par la critique qui l’a jugé naïf et lourdaud, "L'âge des ténèbres", du réalisateur Québécois Denys Arcand (celui de "L’empire américain" et des "Invasions barbares"), est une réflexion, parfois un peu trop démonstrative peut-être) sur l’avenir du monde, les ravages du libéralisme, les désordres environnementaux et l’incommunicabilité. Cette vision d’Apocalypse dérange parce qu’elle nous renvoie en pleine figure les désordres et les tourments dans lesquels nous risquons de nous complaire si nous ne faisons pas l’effort de lucidité nécessaire pour sortir de nos conditionnements. Comme à son habitude, Denys Arcand parvient avec brio à nous faire rire sur les sujets les plus graves: la maladie, la misère sociale, la société de consommation, le sexe, la mort et la solitude. Pari réussi.
A vous de juger.