Le 26 octobre 1986, tu quittais ton corps, enfin délivrée d'un malin cancer.
A cette époque l'informatique n'était pas entré dans les foyers.
Je t'envoie aujourd'hui ce poème en forme d'élégie, pour l'éternité.
Ô toi ma mère qui m’a fait chair,
Un soir de Noël, tu m’as enfanté,
Me choisissant pour ta divinité
Tu as oublié que j’avais un père.
Tu répétais sans cesse que tu m’aimais,
Moi, je ne savais plus qui j’étais,
Tu m’accusais de te faire mourir
Et m’empêchait ainsi de grandir.
Un soir d’automne, tu es partie,
Pour un ailleurs d’éternité,
Je n’ai pas su te dire merci
Et n’ai cessé de le regretter.
Je suis en quête de cette paix
Qui ressemble, dit-on, au bonheur.
Je vis, je cherche et me distrait,
J’ai pris le parti du cœur.
Je crois que j’ai surtout compris
Ce que toi, tu n’as jamais appris.
Je me suis dépouillé de l’enfant
Pour vivre ici et maintenant.
Quittons tous les deux ce labyrinthe
Pour nous hisser enfin sans crainte.
Ici j’implore encore ton pardon,
Je sais que tu ne diras pas non.
J’ai gravi la montagne sacrée
Et j’ai vu poindre la lumière.
Je peux enfin crier d’un ton lyrique
Je suis ton fils et tu dois être fière.
Je t’aime, maman.