Le chorégraphe Maurice Béjart est décédé ce Jeudi 22 novembre à l'âge de 80 ans. Concerts de louanges et discours dithyrambiques, le plus souvent sans nuances, vont être prononcés dans tous les médias du monde entier.
Le créateur du Ballet du XXècle siècle a acquis ses lettres de noblesse auprès du grand public, malgré des débuts difficiles, avec des oeuvres majeures telles que: "Symphonie pour un homme seul" (1955), "Le sacre du printemps" (1959), "Roméo et Juliette" (1966), "Messe pour le temps présent" (1967), "L'oiseau de feu" (1970), sans oublier l'inévitable"Boléro" (1961) que Claude Lelouch filmera avec emphase dans "Les uns et les autres". Qu'importe! La présence féline de Jorge Donn au milieu des danseurs formant un cercle autour de lui restera gravée dans nos mémoires.
Maurice Béjart avait aussi ses détracteurs. Certains de ses pairs le jugeaient hautain, prétentieux, trop classique. Ils lui reprochaient aussi, surtout dans la deuxième partie de sa vie, de se laisser à certaines facilités chorégraphiques pour mieux diffuser un répertoire foisonnant aux quatre coins du monde.
De son éducation catholique (Son père, le philosophe Gaston Berger disait: "Toutes les religions se valent"), il avait gardé un sens profond de la quête spirituelle. Il avait approché le Boudhisme Zen avec maître Deshimaru, il s'était passionné pour la voie du Yoga, avant de se convertir à l'Islam du Soufisme. Cette aspiration orientaliste aura été à l'origine de nombreux de ses spectacles.
La France va le pleurer comme l'un des siens, elle qui n'a pas su lui accorder un statut de chorégraphe résident. Car après une carrière à l'Opéra de Paris, puis auprès de Roland Petit, c'est au Théâtre de la Monnaie à Bruxelles qu'il se pose (il y créera l'école Mudra en 1970, dont il exportera le concept à Dakar en 1977), avant de s'installer durablement en Suisse avec le Béjart Lausanne Ballet (de 1987 à ce jour).
Incontestablement Maurice Béjart aura marqué le monde de la danse de son empreinte et son style néoclassique lui survivra longtemps. A une amie qui lui rendait visite, il déclarait récemment: "Il faut toujours commencer par le silence". Belle leçon d'humanité. Ciao l'artiste!
