samedi 17 novembre 2007

Cultiver l'espoir


Parmi les nombreux films à l'affiche de cette fin d'automne, celui du jeune réalisateur allemand Fatih Akin (Prix du scénario au dernier festival de Cannes) mérite une attention toute particulière. Profondément humaniste, ce film aborde avec une grand sensibilité (sans surenchère émotionnelle) les thèmes universels de la mort, de l'amour et de l'engagement (au péril de sa vie).

A travers le destin croisé de six personnages, qui se cherchent sans se croiser ou se croisent sans le savoir, entre l'Allemagne et la Turquie, Fatih Akin nous invite à réfléchir sur l'état de notre monde et sur les valeurs de tolérance qui peuvent encore le sauver.

Né en Allemagne de parents turcs, Fatih Akin nous parle d'un sujet qu'il connaît de façon intime: l'appartenance à une double culture. Les frontières géographiques s'effacent plus facilement que les systèmes qui les opposent ou les divisent. La question de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne est présente en filigrane dans ce film bouleversant.

Ali, le retraité turc vivant en Allemagne, Nejat, son fils, prof d'allemand à Hambourg, Yeter, la femme qui se prostitue pour payer des études à sa fille restée au pays, Ayten, sa fille, militante et juqu'auboutiste politique, Lotte, la jeune étudiante allemande dont la naïveté fougueuse lui sera fatale, Suzanne, sa mère (Hanna Schygulla, bouleversante de pudeur et de dignité) nous font partager leur quête d'amour et de pardon, entre Hambourg et Istanbul. La mort, qui s'invite de façon imprévue, devient alors l'occasion d'un rapprochement entre les êtres, d'une transformation, d'un recommencement pour cultiver l'espoir d'un monde meilleur.

Depuis la réunification de 1989, avec des films tels que "Good-bye Lenin","La chute", "La vie des autres", "Head-on" (du même Akin), le jeune cinéma allemand (orphelin de Fassbinder) semble avoir retrouvé un nouveau souffle et un succès mérité. "De l'autre coté" restera longtemps dans nos mémoires.