lundi 11 février 2008

Pour la libération d'Ingrid


La hasard (!) m'a fait rencontrer Lorenzo Delloye-Betancour Samedi après-midi. Ce jeune homme, diplômé en droit et en économie à la Sorbonne, était l'invité d'une grande enseigne culturelle qui avait organisé une rencontre-dédidace à l'occasion de la sortie des "Lettres à maman". Il répondait avec une grande simplicité aux questions des lecteurs mais avec son physique d'adolescent à la voix rauque, on sentait bien qu'il avait dû endossé, malgré lui, une responsabilité pas vraiment taillée à sa mesure.

Retenue en otage dans la jungle Colombienne par les Farc ( Forces Armées Révolutionnaires de Colombie) depuis le 23 Février 2002, sa famille n'avait pas eu de nouvelles ni de preuves de vie depuis l'été 2003 . Dans une longue lettre datée du 24 Octobre 2007, Ingrid Betancourt va droit à l'essentiel. Dans une vibrante déclaration d'amour, elle s'adresse à Gabriel, son père décédé un mois, jour pour jour, après son enlèvement, à Yolanda, sa "mamita chérie", à ses trois enfants: Sébastien, Mela et Lolli, à sa soeur Astrid et son mari Daniel, à Pinchao, policier co-détenu évadé en mai 2007, et à tous "ceux qui ont contribué à réveiller les esprits et à faire grandir la Colombie".


"Il est important que je dédie ces lignes à ceux qui sont mon oxygène, ma vie, à ceux qui me maintiennent la tête hors de l'eau, qui ne me laissent pas couler dans l'oubli, le néant et le désespoir".

Véritable plaidoyer pour la liberté, les mots qu'elle écrit dans la douleur et la solitude ont aussi parfois le souffle d'un Gandhi, d'un Martin Luther King ou d'un Nelson Mandela.

"Moi j'aspire à ce qu'un jour nous ayons cette soif de grandeur qui fait surgir les peuples du néant et les propulse vers le soleil. Le jour où nous défendrons la vie et la liberté des nôtres sans faire de concession aucune, c'est-à-dire quand nous serons moins individualistes et plus solidaires, moins indifférents et plus engagés, moins intolérants et plus compatissants, alors ce jour là, nous serons la grande nation que nous appelons de tous nos voeux. Cette grandeur est là, endormie dans les coeurs."

En réponse, sa fille Mélanie, rejointe dans son combat médiatique par son frère Lorenzo, lui envoie un message digne et poignant:
"Tu es vivante! Nous sommes là, maman. nous nous battons pour te faire sortir de là. Tiens bon . il y a tellement de beaux moments qui t'attendent. Tu nous verra encore grandir, Lolli et moi... Nous nous battons, nous attendons ton retour, mais nous vivons aussi. Nous voulons que tu sois fière quand tu reviendras. Ta force nous a toujours portés. A notre tour, maintenant, de te porter, de prendre soin de toi... Cette lettre n'est pas une lettre d'adieu. c'est une lettre de retrouvailes. A bientôt maman".
Pour ne pas oublier.