vendredi 25 janvier 2008

Une école permanente


C’est l’hiver. Le temps du repos nécessaire au grand nettoyage du corps. L’heure du bilan et de la réflexion à partager autour d’une tasse de thé fumant.
Et puis l’envie d’écrire, de partager cette passion qui ne vous quitte plus.
« Le vélo, moi j’aime », se surprend-t-on à dire à ceux qui guettent dans votre regard une lueur d’enthousiasme. Et de décliner ces parcelles de joies qui vous rendent si diserts à l’approche du printemps.
Oui, j’aime la bicyclette et je la pratique, sur route et tous terrains, c’est selon l’humeur ou la saison, à la lisière des forêts, au fond des vallées aussi bien qu’au sommet des plateaux enneigés.
J’aime mon vélo, ses formes arrondies et dynamiques à la fois, j’aime le bichonner, le préparer, le régler, le rendre aussi clinquant qu’efficace.
J’aime l’enfourcher, le positionner pour mieux m’asseoir dans le paysage, faire corps avec lui selon la nature du terrain. Ses réactions révèlent mon état de forme, de disponibilité, de concentration ou de détente.
J’aime progresser dans sa maniabilité pour me sentir davantage en confiance et en sécurité.
J’aime choisir les parcours, les itinéraires en fonction du plaisir que je devine, à la mesure de la souffrance qu’il me faudra endurer.
J’aime me fixer des objectifs et les atteindre avec le sentiment du devoir accompli.
J’aime la discipline, la rigueur et la vigilance qui s’imposent à moi comme une évidence.
J’aime concocté les petits « en-cas » qui sauront pallier, le moment venu, aux déficits chroniques en glycogène.
J’aime quand le paysage, tortueux ou serein, abolit la frontière entre le ciel et la terre, entre moi et la nature.
Et j’aime encore rêver à mon prochain vélo qui me fera partager avec vous ce voyage intérieur dont parle si bien Paul Fournel, autre amoureux de la petite reine:
« Pour peu que l’on reste attentif aux messages de son corps dans l’effort et dans le plaisir, on peut faire à vélo un élégant voyage intérieur, un voyage qui dure, une école permanente, un recyclage continu. Le dialogue qui s’instaure avec ses cuisses est un dialogue riche qui vous aide à fixer vos limites, à accroître votre endurance, à supporter la douleur et à identifier l’insupportable. Cela m’est utile chaque jour. »