Chaque année, à pareille époque, a lieu la traditionnelle "Vogue des marrons".
Née il y a plus de 150 ans, elle est survivante d'une tradition foraine lyonnaise (en 1896, la ville totalisait 207 jours de vogues de Pâques à Toussaint). Installée tous les ans sur le plateau de la Croix-Rousse de mi-octobre à mi-novembre elle est la dernière vogue de l'année. On y déguste les premiers marrons de l’année (et le premier vin blanc). D’où son nom.
C'est parti pour six semaines entières de barbapapa, de gaufres, de marrons (il ne reste plus qu'un seul vendeur), de manèges et d'attractions en tout genre. Pêche à la ligne, tir à la carabine, chenille, auto-tampons, maison hantée et installations renversantes occupent la place et le boulevard de la Croix Rousse. Le paradis des enfants et des jeunes en quête de sensations, le cauchemar des riverains.
Du Lundi au Dimanche (relâche le Jeudi) des jeunes et moins jeunes arrivent par grappes des bouches du métro et envahissent les rares espaces encore libres à la circulation. Une fête au village, diront les plus mordus. Du bruit et de la fureur, renchériront les autres. Car chaque année cette installation au coeur de la ville fait polémique. Il y a les pour, ceux pour qui le sens de la fête l'emporte sur tous les désagréments collatéraux. Il y a les contre qui vivent cette fête foraine comme une intrusion imposée dans leur vie quotidienne. Il est vrai que recevoir les feux des projecteurs dans son salon (nous habitons au 2ème étage de l'immeuble présent sur les photos), être obligé de monter le son du téléviseur pour écouter le journal télévisé a de quoi vous refroidir. Mais voilà il faut que tout le monde vive et que chacun y trouve son compte. C'est, dit-on, le prix à payer pour la paix sociale.
Alors on se met à rêver d'un film à la sauce Hitchcockienne où le truand se mêle à la foule des badauds pour échapper à la poursuite effrénée d'un privé, ou à M. Le Maudit, homme traqué dans un film de Lang. Et l'on espère aussi que ces moments un peu difficiles ne seront bientôt plus qu'un lointain souvenir. Vivement le désert!