mercredi 26 décembre 2007

La graine et le mulet


Courez voir ce film ignoré par le majors de la distribution. Vous ne serez pas déçus. Pendant près de 2h30, Abdellatif Kechiche, nous tient en haleine par la grâce d'une réalisation remarquable de justesse et de sincérité.

A travers l'épopée tragique d'un père vieillissant qui se lance à corps perdu dans la création d'un restaurant de couscous au poisson sur un vieux bateau rafistolé, c'est toute la quotidienneté de l'immigration qui nous est contée dans une tradition orale de la langue, passant de l'argot à la tchatche des jeunes de banlieue au gré des séquences alertes et parfaitement maîtrisées. Car Abdelllatif Kechiche excelle dans la direction des acteurs, presque tous non-professionnels. Nous sommes scotchés par leur sincérité, leur générosité qui transpire à l'écran par la magie d'une mise en scène époustouflante.

Comédie, Chaleur humaine, fraternité, sensualité, réalisme, poésie, fièvre jusqu'à la transe, sont au rendez-vous dans un maelström de situations, en apparence banales, mais comme saisies sur le vif ( elles sont en réalité très écrites) et revitalisantes à souhait.

Lauréat du prix Louis Delluc (le Gongourt du Cinéma) et du Prix Spécial du Jury à la 64è Mostra de Venise, ce film aura cependant besoin du bouche à oreille pour ne pas rester cantonné dans les circuits marginaux des salles Art et Essai. Film poignant, au coeur des réalités d'aujourd'hui, La graine et le Mulet mérite un vrai succès populaire pour lequel il nous faut nous mobiliser. L'avenir du cinéma d'auteur en dépend.

PS. Abdellatif Kechiche est aussi l'auteur de "L'esquive" (César 2005) et de "La Faute à Voltaire"(Lion d'or de la meilleure première oeuvre à Venise 2000)