Lorsque, enfant, je m'aventurais au milieu des vagues, à l'heure de la marée montante sur les plages bretonnes, ma mère disait: " Surtout, ne vas pas trop loin, si tu n'as plus pied, tu vas te noyer". Message reçu 100%.
Lorsque, adolescent, mes camarades m'enjoignaient de les accompagner dans le grand bain de la piscine, j'adoptais l'attitude altière du brave capable de surmonter sa peur en se jetant crânement dans l'eau. Après avoir esquissé quelques mouvements de brasse, en veillant soigneusement à garder la tête hors de l'eau, j'agrippais le bord du bassin pour mieux retrouver mon souffle. L'honneur était sauf.
Lorsque, adulte, la situation imposait que je me mette à l'eau avec des amis, je me contentais de traverser la piscine dans le sens de la largeur en évitant de croiser quelqu'un sur mon chemin. Quelle gymnastique!
Lorsque, papa, j'accompagnai notre fils au milieu des bébés-nageurs, je compris très vite que nager comme un poisson dans l'eau lui était réservé. Merci pour lui.
Lorsque, il y a quelques semaines, Bernadette m'a fait cadeau de séances de watsu, j'ai accepté d'affronter mes peurs, mes angoisses enfantines. Avec l'aide et le soutien bienveillant d'un maître-nageur, un ex-champion de natation reconverti dans la pratique du watsu, j'ai commencé à reprendre confiance. Nous avons appris à souffler quand nous étions sous l'eau et à ouvrir la bouche quand nous étions hors de l'eau. Cela paraîtra enfantin à ceux qui se jouent de cet élément. Mais réapprendre un mouvement naturel quand votre réflexe est prisonnier de 50 années, cela ne va pas de soi. Se laisser porter par l'eau, se mouvoir sans précipitation, sans appréhension inutile, toucher, effleurer, écouter, crier, se détendre. Séance après séance, nous retrouvons du plaisir à être un avec l'eau.
