Notre premier échange fut téléphonique. C'était en Avril 2007. Nous venions de rencontrer Vishalakshi, notre filleule, dans le petit village d'Ugire, au coeur du Karnataka. Un membre de l'équipe du projet me tends un portable. "C'est le Père John, notre Supérieur. il est actuellement à Paris. Il souhaite vous parler." Décontenancé, je balbutie quelque mots dans un anglais approximatif. Nous convenons de nous rencontrer à notre retour en France.
Avril 2008. Le temps a passé. Nous reprenons contact avec le frère John. Il fait partie de l'ordre des Capucins pour qui il est actuellement en mission. Il est inscrit en doctorat de théologie. Dans deux ans, ses études terminées, il rentrera au Karnataka. Il rejoindra ses frères indiens à Dayalbagh Ashram où nous avions été chaleureusement reçu pendant notre séjour à Ugire.
A la fraternité de Paris, nous faisons la connaissance de cet homme modeste et sincère avec lequel nous nous sentons tout de suite en confiance. Des frères de la communauté nous rejoignent et partagent avec nous quelques anecdotes. Nous évoquons notre voyage, l'impact qu'il a eu sur notre vision du monde. Nous parlons de nos parcours respectifs, de notre cheminement spirituel, des rapprochements possibles entre les communautés religieuses, en évitant tout syncrétisme, inspiré par Arnaud Desjardins transmettant l'enseignement de Swamiji Prajnanpad.
Le Père John me rappelle une autre figure bien connue, celle du Père Henri Le Saux. D'origine Bretonne (il est né à St Briac, petit village d'Ille-et -Vilaine)), il fut un pionnier en matière de rapprochement des communautés, favorisant la rencontre entre l'Occident et l'Extrême-Orient, étudiant la Bible et les Upanishads dans une perspective d'unité. La montagne d'Arunâchala l'attira comme un aimant: "Quand du sommet d'Arunâchala, le sannayasi chrétien contemple l'horizon et la montagne qui le centre, il s'aperçoit avec stupeur que c'est aux sommets même de l'hindouisme que l'ont conduit ses pas de chrétien", écrit-il. "Réalisez que vous êtes. Tu es Cela.... Il n'y a ni chrétien, ni hindou, ni bouddhiste, ni musulman. Il n'y a que l'âtman, l'âtman, rien ne lie, rien ne le limite, rien ne le détermine".

Alors, quand le Père John nous encourage à créer une association afin d'établir un lien direct avec le Capucin Krishisk Seva Kendra et le CCF India ("Vous avez vu", répète-t-il, comme pour mieux nous convaincre), nous acceptons que l'idée fasse son chemin en nous et à travers nous. "Ce sont les petites choses qui font les grandes rivières", dit-il encore. Nous sommes aujourd'hui convaincu que nous pouvons mobiliser nos réseaux personnels, rassembler des hommes et des femmes au service des frères et des soeurs qui ont besoin de nous.
"Listen to your heart", ce nom résonne aujourd'hui comme une évidence. Ce sera le nom de l'association que nous allons créer, afin de participer activement à l'éducation, au développement des programmes de santé, à la promotion de l’artisanat, à l’apprentissage de l’agriculture, à la protection de l’environnement, à l'accueil hospitalier et d’une façon générale à l’aide aux familles les plus pauvres de l'Etat du Karnataka. Alors si le coeur vous en dit et si, vous aussi, vous souhaitez devenir acteur de ce projet, faites-vous connaître. Plus nous serons nombreux et motivés et mieux nous réussirons dans cette entreprise. Le Père John sera notre passeur entre l'Occident et l'Orient qui nous attend.
"La voie ne consiste pas à accomplir des actions extraordinaires, mais à accomplir parfaitement des actions ordinaires."
Swâmiji Prajnânpad