
Au volant de sa voiture, un homme (Philippe Torreton), que la vie a brisé, échoue un jour au beau milieu du Kazakstan. Il a tout quitté. Pourquoi est-il là? Que fuit-il? Que vient-il faire ici dans ce pays dévasté par les goulags et les essais nucléaires. Première confrontation avec un monde sorti de nulle part. Des puits de pétrole à n'en plus finir, une ville construite au milieu d'un désert aride, des individus corrompus jusqu'à la moelle. Que cherche-t-il sur cette mer d'Aral aujourd'hui asséchée?
il rencontre d'abord Shakuni, le marchand de mots, sorte de shaman tout droit tiré du Mahabarata, (interprété par David Bennent, qui n'est autre que le petit garçon du Tambour, réalisé par le même Schlöndorff, en 1979). Puis c'est la rencontre avec Ulzhan, une jeune femme professeur de français ( Ayanat Ksenbai, magnifique), qui va le suivre pour tenter de comprendre ce qu'il est venu chercher là sur cette terre inconnue, inhospitalière, dangereuse.
Un voyage initiatique, un road-movie en forme de poème visuel, au coeur des plaines et des montagnes d'Asie Centrale. Un voyage spirituel aussi (le scénario est signé Jean-Claude Carrière). Quel est ce trésor que le héros cache au fond de lui, comme un secret? Et s'il ne cherchait qu'à sauver son âme! Mourir pour, enfin, enfouir avec lui ses blessures. Ulzhan l'a bien compris, elle, dès qu'elle a posé les yeux sur lui...
Film d'auteur, dépaysant et profond, Ulzhan met en scène un pays méconnu où une ruralité âpre côtoie une modernité imprévisible (la ville d'Astana posée en plein milieu de la steppe). Avec ce "eastern" bien de notre époque,Volker Schlöndorff signe une ballade désenchantée au bout du monde, portée par un homme en quête de perdition et de salut.
(Actuellement dans les bonnes salles de cinéma)