lundi 16 juin 2008

Au coeur du corps


La Sucrière, à Lyon, accueille depuis le 28 Mai l'exposition anatomique "Our Body", un parcours inédit au coeur du corps. Polémiques et discussions vont bon train depuis que l'on sait que les corps en question proviennent de vrais humains ayant fait don de leur corps à la médecine chinoise, à des fins médicales et pédagogiques. Les corps ont été "plastinés" selon une technique mise au point par un allemand, Gunther von Hagens, en 1977. "L'opération, très longue (1500 heures de travail), consiste à plonger les corps dans des bains de formol, puis d'acétone à -25° pour remplacer toutes ses graisses et liquides par de la silicone. On obtient ainsi au final un spécimen anatomique solide et durable", précise le communiqué. Ces corps et ces organes sans peau permettent de voir et de mieux comprendre le fonctionnement des muscles et des os, de l'appareil digestif, de notre système nerveux, la reproduction et la respiration et l'ensemble du système cardio-vasculaire.

Alors qu'est ce qui dérange, au point qu'aucun musée public n'en ait voulu à Paris? Est-ce parce que les corps sont exhibés dans des situations quotidiennes (à vélo, devant un jeu d'échec, au tir à l'arc, étendu comme à la plage). Au dire du producteur (Pascal Bernardin, producteur de Madonna et de Police), les corps exposés ont été légués à la science et toutes les garanties ont été prises en conformité avec la législation chinoise. C'est sans doute là que repose l'ambiguïté et la gêne. Les débats sont vifs. Des pétitions circulent. D'où viennent les corps exposés? Peut-on faire commerce de cadavres? Est-ce de la science ou de l'art? Peut-on y emmener ses enfants? L'émotion et l'adrénaline sont au rendez-vous de cette leçon d'anatomie." Si nous avions connu çà pendant nos études de médecine, cela aurait été fantastique" dit l'un. "Regardez comme on voit bien la moelle épinière, ce petit muscle qui vous permet de faire la pince entre le pouce et l'index, nous sommes les seuls mammifères au monde à pouvoir le faire", dit l'autre. "Et ces petits capillaires, là, qui saignent quand on se fait mal, nous en avons 100.000 dans tout le corps".


J'ai voulu en "avoir le coeur net", en me rendant à cette exposition en famille. Sans être trop didactique, cette exposition a des vertus pédagogiques indéniables. Après une telle "introspection" au coeur de la machine humaine, nous comprenons mieux son fonctionnement dans sa complexité inégalée et inégalable. Sa fragilité nous rappelle qu'il convient d'en prendre le plus grand soin. Devant ce travail d'orfèvre, on ne peut que s'incliner et dire bravo. Notre société occidentale, qui a tendance à sacraliser le corps, peut trouver là des raisons d'être choquée. Pour ma part, je ne peux que regretter que cette initiative privée (15€ la visite), ne la rende pas accessible au plus grand nombre.
Cette exposition est visible à Lyon, jusqu'au 3 Août 2008, 47 rue Rambaud Lyon 2è.