Dies irae dies illa
Day of reckoning
Et tout ça et tout ça
Et bien je vous le dis, amis,
Très chers amis
Ce jour viendra
Simplement, voilà :
Dans le siège ,
Son siège
A Lui
Le Père
The One
Familièrement Dieu
(« Le fumeur de havanes, O Gainsbourg
près de toi, loin- de-Lui »)
Dans son siège,
Il n’y aura personne
Personne d’autre que vous,
Que toi
(« je t’ai appelé par ton nom »)
Comme l’exprime en vérité
L’ultime épisode de la série « Le Prisonnier »
Pas de cour céleste
Pas de fils assis à la droite du Père
Pas de vierge montée tout droit au ciel et retenant le bras vengeur de son fils
Pas d’ashram idéal tout là haut là haut
Ni anges ni lyres ni hiérarchie paradisiaque
Ni successions ni concessions
De sagesse à perpétuité
Allez, vous en avez rêvé
C’est humain, c’est OK
Le père, son Fils, et quelque part l’Esprit
Tout cela n’était que dans nos rêves
Cela sera , oui, certes, et les enfers aussi
Tant que dureront nos songes
Notre long long sommeil
Mais quand nous ouvrirons les yeux
Jaillirons de la tombe,
De l’urne
Du néant
De l’oubli
Il n’y aura que nous,
Que vous,
Que toi, seul
Dans le siège
Votre visage
Vous fixera
Droit dans les yeux
Droit dans la poitrine
Plus de visage du gourou
Ou plutôt , si, bien sûr,
La gueule du gourou
Sous les traits de la vôtre
Parce que sa divine gueule
Sous sa forme ultime, dernière, accomplie
N’est autre que la vôtre,
Votre visage unique
Le visage de Dieu
Est bien votre visage
Le visage unique et multiple
Un seul visage unique, décliné à l’infini
Ainsi que le révèle
L’ultime épisode de la série « Le Prisonnier »
Une fois le masque arraché,
Le masque du « Numéro Un »
(« Who is number One ? »
Ce visage sera le vôtre
Et il n’aura qu’une seule, une unique question :
Qu’as tu fait de ma compassion ?
Celle que je t’ai léguée
En unique héritage
A faire fructifier …
As tu seulement un peu aimé ?
Tel sera le jugement dernier
Les intrigues , oubliées
Les postures exposées
Les baudruches éventrées
Les masques, arrachés
Seulement vous
Moi toi
Nous,
Le prisonnier
Finalement confronté
Au Tout Puissant
Numéro Un
Et arrachant son masque
Pour enfin contempler
Notre visage humain
Qui secrètement ne faisait qu’un
Avec notre visage divin
Amis très chers,
Soyons humbles
Rabaissons notre prétention
Balançons nos décorations
Nos appropriations
Nos médailles de merde
Ordre du Grand Disciple
Grand Croix de la Légion
Des preux pratiquants
Des plus proches du Calife
Petits grands et moyens vizirs
Paillettes et flonflons
Rendons notre butin
Restituons tous nos vols
Nos pseudos divines rapines
Rabaissons notre prétention
Mais ne nous laissons
Jamais jamais
Rabaisser
Quiconque rabaisse son prochain
Rabaisse Dieu lui même,
Le numéro Un
Car il n’est pas de supérieur
Pas plus qu’il n’est d’inférieur
Des degrés de réveil, d’accord
Plus ou moins ressuscité
Oui, sans doute, et alors ?
Puisqu’à la fin tout le monde et personne
Se ballade en corps de gloire
Très très cool, sans faire d’histoires
Je vous souhaite, chers amis
Une très féconde année
2008
L’année des masques arrachés.
Gilles Farcet, écrivain et poète, instructeur spirituel dans la lignée d'Arnaud Desjardins.
Poème publié avec l'accord de l'auteur.
Bibliographie choisie:
* Henry Thoreau, l'Eveillé du Nouveau Monde, 1986, réédition "Espaces Libres" Albin Michel
* Arnaud Desjardins ou l'Aventure de la Sagesse, 1987, La Table Ronde, réédition en Poche
* Manuel de l'anti-sagesse, traité de l'échec sur la voie spirituelle, Editions du Relié, 2002
* Allen Ginsberg, poète et boddhisatva beat, Editions du Relié, 2004