
"Un jour, il n' y a pas très longtemps, arriva en Israël une fanfare de la la police Egyptienne. Peu s'en souviennent, car cette histoire semblait sans importance".
Cette phrase, citée en ouverture du film, est inspirée du récit autobiographique d'un dramaturge égyptien à qui était survenue une semblable aventure.
Invitée à participer à l'inauguration d'un centre culturel arabe, la petite fanfare de cérémonie de la Police d'Alexandrie débarque un jour en Israël. Personne pour les accueillir à leur arrivée à l'aéroport. Les huit musiciens, engoncés dans leur uniforme bleu turquoise, finissent par se retrouver dans une petite ville oubliée du monde, Bet Hahtikvah qui signifie "la maison de l'espoir". Accueillis dans ce lieu sans âme par Dina, une tenancière de bistrot débordant d'énergie et de sensualité, les membres du groupe sont contraints de passer la nuit chez leurs hôtes. De confidences en confidences, ces âmes en peine vont tenter de s'approcher, de se comprendre et d'échapper à la solitude. Nostalgique des comédies romantiques qu'elle regardait chaque semaine à la télévision, Dina ne déclare-t-elle au chef de la fanfare qui, sous sa rigidité martiale, cache un coeur meurtri par la vie: "Ma vie ressemble à un film arabe".
Eran Kolirin, jeune réalisateur Israélien, met en scène des personnages qui, ne trouvant pas ce qu'ils cherchent, vont trouver ce qu'ils ne cherchaient pas. Egyptiens et Israéliens tentent de nouer un dialogue (comment faire pour se comprendre autrement qu'en utilisant la langue anglaise!) alors que tout semble les séparer. Cela donne lieu à une succession de scènes burlesques et drolatiques qui ne sont pas sans rappeler le comique absurde et grinçant d'un Jacques Tati ou d'un Pierre Etaix. La présence magnifique des comédiens et la petite musique intérieure qui se dégage de leur présence magnifique est au diapason du son de la trompette de Chet Baker, dont ils fredonnent en choeur leur air favori. C'est beau, c'est apparemment simple. Le rire et la musique comme langage universel. Et l'on se prend à espérer que la tolérance et la fraternité puissent un jour rassembler ces deux communautés enlisées dans un conflit dont on ne voit pas l'issue.
Présenté à Cannes en 2007 dans la compétition "un Certain Regard", ce film a obtenu, notamment, le Prix Spécial du Jury et le Prix de la Jeunesse Européenne. Il a également reçu le 1er Prix du 24ème Festival International de Jérusalem.