samedi 15 mars 2008

Un seul monde, un seul rêve


Le slogan des Jeux Olympiques de Pékin résonne comme une défi pour tous ceux qui luttent pour la liberté. Un alpiniste chinois brandira, si tout se passe comme prévu, la flamme olympique au sommet de l'Everest, à 8 848 mètres d'altitude. Après avoir mis en valeur les paysages du Tibet, la torche poursuivra son itinéraire, portée par près de 22 000 volontaires à travers une centaine de villes chinoises, pour atteindre Pékin le 8 août, jour de la cérémonie d'ouverture. Les associations des droits de l'homme promettent déjà qu'elles ne laisseront pas passer la flamme sans tenter de faire entendre leur message.

La presse a fait écho ces derniers jours de la répression dont sont victimes une fois encore les tibétains. Des moines tibétains ont, en effet, manifesté à Lhassa, prônant une solution politique sur la base d'un dialogue entre la Dalaï-lama (Prix Nobel de la Paix en 1989) et la Chine. S'il a renoncé depuis longtemps à l'indépendance du Tibet, le Dalaï-lama défend néanmoins l'autonomie de son peuple au sein de la souveraineté chinoise. "Depuis près de six décennies, des tibétains vivent en permanence dans la peur et sous pression chinoise. Malgré ces développements, je reste déterminé à poursuivre ma politique de tolérance" disait le Dalaï-lama, depuis sa résidence de Dharamsala, à l'occasion du 49ème anniversaire de son exil.


A cinq mois de l'ouverture des Jeux Olympiques qui se tiendront du 8 au 24 Août à Pékin, cette nouvelle mobilisation non violente, qui s'appuie sur les principes de Gandhi, a été violemment réprimée par les autorités chinoises qui ont arrêté une soixantaine de moines. Mais les moines ne désarment pas malgré la répression. Les autorités chinoises, qui considèrent la Dalaï-lama comme "une réfugié politique engagé dans des activités sécessionnistes sous le couvert de la religion", ne supportent pas les signes de reconnaissance du chef spirituel par l'Occident. La Chine moderne, quatrième puissance mondiale, ne veut pas offrir le spectacle d'un pays qui bafoue les libertés individuelles et ne respecte pas les droits de l'homme.

Rappelons que le Tibet a été annexé à la Chine en 1950, que sa langue a été révoquée, ses monastères bouddhistes détruits, ses moines arrêtés, ses terres colonisées. Il y a plus de 85 000 exilés tibétains en Inde. D'autres ont trouvé refuge au Népal, au Bouthan, en Suisse et dans d'autres pays d'Europe, mais aussi au Etats-Unis, au Canada, à Taïwan et en Australie. Au total plus de 120 000 personnes constituent la diaspora tibétaine.

Les scènes du film "Kundun" de Martin Scorcese me reviennent en mémoire... Du scénario au décor en passant par les costumes, le Dalaï Lama aura porté le projet et fourni des informations personnelles, que nul autre n'aurait pu révéler. Une sorte de film documentaire sur la vie, l'oeuvre et les convictions de celui dont le destin bascula à deux ans et demi. Martin Scorsese nous rappelle douloureusement la situation trop négligée du Tibet, livré à lui-même, et seul face à l’envahisseur. Touts les appels à l’aide lancés par le Gouvernement aux grandes puissances comme la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, ainsi qu’à l’Inde voisine, se sont soldés par des échecs. Aujourd’hui encore, le « Toit du Monde » est seul, face à la violence que continuent de répandre les autorités chinoises, en toute impunité.