samedi 5 avril 2008

Libraire non sédentaire


7h du matin, un Samedi comme les autres. Tandis que la rumeur s'élève du marché avoisinant, les bouquinistes étalent leurs tréteaux. Livres ou magazines attirent les esprits curieux et les collectionneurs en quête d'un ouvrage rare ou non réédité. En déambulant dans les allées dessinées selon la disposition des étals, on constate que les commerçants ambulants ont chacun leurs spécialités. Ici sont exposés des ouvrages traitant de philosophie, littérature, cinéma, là des livres sur le thème de l'ésotérisme ou des religions; un autre propose d'anciennes revues de Paris-Match et des photos un peu jaunies datant de l' après-guerre; sur ce plateau, posé sur deux tréteaux à l'équilibre précaire, des livres pour les plus jeunes: des bandes dessinées, des romans de la Bibliothèque verte, celle de nos jeunes années, et des livres d'images aux pages fatiguées d'avoir été tant tournées. Plus loin encore, des ouvrages plus rares sont soigneusement recouverts d'un cellophane qui les protège de la poussière ou de la pluie. Les chineurs vont et viennent d'un étal à l'autre, s'arrêtent ici ou là pour consulter minutieusement la table des matières d'un livre porteur d'ardentes promesses. Parfois ils engagent la conversation avec le bouquiniste qui jette un regard circulaire comme pour vérifier qu'aucun client ne lui échappe. A certaines heures de la journée, il n'est pas rare de voir certains d'entre eux attablés autour d'un verre, dissertant sur les derniers lots qu'ils viennent d'acquérir ou sur la recherche effrénée autour d'un auteur disparu.

A la sortie de l'immeuble où j'habite, je me mêle parfois à ce tourbillon de badauds, de curieux, de fouineurs de tous âges. Il arrive aussi que je me débarrasse, contre quelques euros symboliques, de quelques livres qui encombrent ma bibliothèque. Récemment, à l'occasion d'une transaction soldée par un échange, j'ai lié conversation avec un libraire non sédentaire nourrissant un intérêt particulier pour l'ésotérisme et la spiritualité. Les Samedis suivants, le dialogue s'est poursuivi autour d'un café. J'ai ainsi découvert que ces passionnés avaient fait d'Internet leur principal commanditaire. En effet, une grande partie des transactions se font désormais par le biais de sites hébergeurs. Mais tous les libraires vous le diront, le livre est aussi cette matière vivante qui condense la pensée et la fait vivre. Le livre n'a pas dit son dernier mot.