Col de la Schlucht, non loin du lac de Gérarmer. C'est l'un des principaux cols du massif des Vosges. Il tire son nom du mot allemand signifiant gorge, défilé. Ce lieu ravive des souvenirs datant de 40 années. C'est ici que j'ai vécu ma première expérience de moniteur (aujourd'hui on les nomme animateur) de colonies de vacances. Je n'étais pas revenu sur ce site depuis lors.
Aujourd'hui, avec nos amis Isabelle et Guy, Bruno et Nathalie, nous allons (Bernadette, Hugo et moi) marcher en direction du sommet du Hohneck qui culmine à 1363 m. Nous empruntons délibérément un circuit escarpé qui nous mettra à l'abri des touristes nombreux à cette période de l'année. Bruno, enhardi peut-être par la carte d'état-major qu'il brandit entre ses mains, ouvre la marche et imprime une cadence déjà élevée dès les premières heures de la matinée. Des sentiers ravinés et sauvages s'ouvrent parfois sur une clairière où coule un clair ruisseau. Trois heures trente seront nécessaires pour atteindre la crête qui surplomble un lac endormi. Une demi-heure de descente s'impose encore pour dévaler les lacets qui conduisent à l'espace de verdure où nous pouvons enfin nous reposer. Les salades composées à base de penne et de légumes garnis de plantes aromatiques, accompagnées d'un petit rosé gardé frais, sont justement appréciées. Sitôt le repas terminé, Bruno et Guy, comme par défi, se jettent dans une eau dont la température avoisine les 18 degrés. Tarot, compagnon fidèle de nos hôtes, fait là son baptême de l'eau. Les jambes se délassent pendant que les langues se délient. J'en profite pour parler de la création de l'association "Listen to your heart".
Mais la grosse difficulté de la journée est à venir. Le Hohneck est encore à deux heures de marche. Le dénivelé important impose des efforts que certains jugent plus que méritoires. Sur les pentes revêtues d'un fin manteau de neige, le carré de chocolat remporte tous les suffrages. Le sommet se profile enfin et la tarte aux myrtilles n'est plus très loin. Un nouvelle ardeur emporte les plus récalcitrants. Le soleil se profile enfin. La traversée sur la ligne de crête s'avère plus courte que prévue. Un heure de descente sur des sentiers aisés et nous voilà revenus à notre point de départ. Belle préparation physique avec le Hoggar en perpective.
La soirée se prolonge dans le chalet de Nathalie, situé en contrebas dans la vallée. Champagne et Chiroubles aiguisent les appétits âpres à déguster les côtes d'agneaux et les merguez grillées sur la braise. Les échanges vont bon train. Chacun apporte son point de vue sur les sujets les plus divers. La spiritualité est au centre des débats qui se prolongent tard dans la nuit. Cette journée magnifique, partagée avec des amis, au coeur d'une nature grandiose et généreuse, n'est elle pas une manifestation du divin!