En attendant la rentrée cinématographique fin septembre, je vous recommande tout particulièrement le dernier film des frères Dardenne "Le silence de Lorna", prix du scénario au dernier festival de Cannes.
Pour devenir propriétaire d'un snack avec son amoureux et échapper, espèrent-ils, aux années de galère, Lorna, une jeune albanaise vivant en Belgique devient, malgré elle, la complice de la machination macabre d'un homme du milieu, prénommé Fabio. C'est grâce à lui qu'elle a pu obtenir la nationalité belge. En épousant un paumé du nom de Claudy, qu'elle s'apprête à quitter pour épouser ensuite un mafieux russe prêt à payer beaucoup pour obtenir à son tour sa naturalisation. Fabio a prévu de faire disparaître Claudy, le maillon faible, faisant croire à l'overdose fatale. Les affaires d'argent et de coeur ne peuvent faire bon ménage.
La cruauté des situations, la magistrale restitution de l'ambivalence et des contradictions sont merveilleusement restitués à l'écran par un jeune actrice originaire du Kosovo (Arta Dobroshi), impressionnante de présence et de maturité. A ses cotés, Jérémie Régnier est bouleversant dans le rôle d'un héroïnomane cadavérique au bord de la rupture. Avec ce film noir, haletant, les frères Dardenne ( Le fils en 2002, Rosetta en 2003, L'enfant en 2005) signent un film subtil, intense, où courage et vertu sont souvent là où on ne les attend pas. Nous sommes pris au piège, bouleversés à l'instar des personnages qui doivent faire face à des cas de conscience qui les dépasse. Ce cinéma sans pathos inutile est plein d'humanité et porte la marque des plus grands.
"Ce qui nous a intéressés, c'est de raconter l'histoire d'êtres humains qui arrivent, par des manières qu'on ne peut pas saluer, à obtenir ce qu'ils pensent être leur part de bonheur." La cabane dans la forêt dans laquelle Lorna va finalement se réfugier a la profondeur symbolique d'un conte rédempteur.