jeudi 27 novembre 2008

La force de l'intention

A l'Abbaye Notre-Dame des neiges, chacun des membres du groupe avait fait part de l'intention qui l'animait en participant à ce voyage. Quitter le connu pour l'inconnu, faire le vide, se nourrir, aimer plus et mieux, être en communion avec la nature, partager la vie nomade des Touaregs, faire confiance, rencontrer Dieu, être en Paix, autant de raisons qui donnaient une coloration particulière à notre aventure. Cette intention communiquée à tous allait faire la différence avec les voyages sur catalogue.


Pour ma part, j'ai dit combien la lecture du roman "Désert" de Jean-Marie Le Clézio, il y a 25 ans, m'avait profondément marqué. Plus tard, dans "Gens des nuages", l'écrivain racontait le voyage qu'il avait entrepris sur les traces de la mère de Jemia, sa compagne. "Il n'y a pas de plus grand émotion que d'entrer dans le désert... Ici le temps n'est plus le même". Une phrase de St Exupéry, extraite du Petit Prince, avait aussi laissé son empreinte: "Voici mon secret. Il est très simple: on ne voit bien qu'avec le coeur. Une question, cependant, me taraudait: photos ou pas photos? Mon attention n'allait-elle pas être focalisée par l'image au détriment du vécu intérieur? Les portraits réalisés récemment dans le contexte de mon travail étaient pourtant très encourageants. Je ferais donc un usage modéré de l'appareil photographique. il y aurait des jours avec et des jours sans. Une intention me guiderait : regarder avec mon coeur. J'ai ainsi construit, au fil des jours, un itinéraire photographique en résonance à mon cheminement intérieur.


Chaque matin, avant de s'engager sur les traces d'Entayent, nous formions un cercle à l'endroit que nous allions quitté. Toute notre énergie était centrée sur l'intention du jour donnée par Corinne. Des propositions simples dans leur formulation mais pas toujours aussi évidentes dans le concret du quotidien: simplicité, silence, sensations et rythme de la marche, penser moins pour sentir plus, porter son attention sur ses vérités, aimer tout ce qui nous entoure, s'aimer soi-même, observer ce qui ne change pas au fond de soi. Cette intention était présente en filigrane dans la communication et l'attention portée à chacun. De l'intention à l'attention, il n'y a qu'un pas.