Nourrir le corps pour nourrir l'âme.
Hassi est cuisinier. Sa famille habite dans un petit village à 150 kilomètres de Tanamrasset. Il a 6 enfants, 4 filles et 2 garçons. Toute l'année (sauf pendant les deux mois d'hiver), il accompagne des groupes (à raison d'une semaine sur deux en moyenne) avec Entayent, Slimane, Abdelkader, Oussene et Abdou, ses fidèles compagnons chameliers. Il aime profondément le désert et cela se sent jusque dans sa façon de cuisiner.
Hassi prépare les délicieux repas avec un soin extrême. Colorés, équilibrés, copieux, toujours excellents. Soupes, salades mélangées agrémentées de sardines à l'huile, ragoût de boeuf ou de mouton, couscous, sans oublier la fameuse tagella dont je vous décrirai plus tard la fabrication. Nourrir chaque jour 20 personnes avec une cocotte posée le plus souvent directement sur la braise relève, à mes yeux, de l'authentique exploit. Une chose est certaine, le couteau suisse lui sera plus utile qu'à moi.
- Aliwa! (A la soupe!), clame Entayent en tamahaq.
- Amaclou! (A table!), répète-t-il encore à la cantonade, signalant ainsi que le repas est prêt.
Assis à même le sol ou sur un sac de couchage qui tient lieu de coussin, nous formons un cercle autour de la nappe colorée qu' Entayent a préparé avec le plus grand soin. Une petite manille, d'une couleur différente pour chacun, permet d'identifier là qui appartient le gobelet.
C'est Entayent en personne qui fait le service. Posément, Il distribue les écuelles qui passent de main en main.
- Avec ou sans viande?
- Sans viande pour Daniel, précise le porteur de l'assiette.
- Tanermet Tagit ! (Merci beaucoup!)
Après quelques heures de marche en silence, les langues se délient et les rires sont également au menu.
- Encore de la soupe, Aliwa, encourage Entayent avec son humour habituel.
La fin du repas approche. Le cérémonial du thé peut commencer.